Parole de responsable : Sylvaine Dano, section avicole

Expression de Sylvaine DANO, Présidente de la section avicole

La dernière épizootie d’Influenza a été particulièrement éprouvante pour les aviculteurs français. Ce sont 12 millions d’animaux qui ont été abattus, en grande majorité dans les Pays de Loire. Les conséquences pour les filières sont majeures. Au niveau de la région Bretagne, nous avons œuvré dès le printemps dernier pour que chacun agisse responsablement dans la gestion du virus de l’IAHP. Nous avons convaincu l’administration de l’importance d’une gestion anticipée de la crise. La situation que nos collègues des Pays de Loire ont eu à traverser est terrible, il ne fallait pas que celle-ci s’étende à nos départements.

Depuis, tous les acteurs des filières avicoles se réunissent régulièrement en CROPSAV pour travailler ensemble sur le sujet de l’influenza. Sur invitation de la DRAAF, les services de l’Etat collaborent avec les éleveurs, les accouveurs, les groupements… et même la fédération des chasseurs ! Cette réunion d’information en temps réel permet de proposer et d’adapter des méthodes en fonction des événements. Nous nous adaptons au fur et à mesure. A chaque suspicion ou confirmation de cas, les zones règlementées sont déployées. Elles évoluent afin de mettre en place le plus rapidement possible les actions de préventions pour éviter les contaminations multiples. Malheureusement quand un élevage est touché, un lourd protocole s’enclenche très rapidement. Véto, laboratoire d’analyses, DDPP, publication des arrêtés préfectoraux de zonage, abattage des animaux, assainissement des fumiers ou lisiers et désinfection du bâtiment… puis analyses de nouveau avant d’autoriser l’entrée d’un nouveau lot s’il n’y pas d’autres cas. Cet enchainement d’étapes est très long et difficile à vivre pour les éleveurs.

Les indemnisations sont longues et très complexes à mettre en œuvre. Elles sont disponibles uniquement pour les élevages ayant fait l’objet d’une fermeture administrative. Par la mise en place de dérogations, nous essayons de permettre à chacun de poursuivre son travail en fonction des situations particulières (cas faune sauvage / élevage / particulier). Les dérogations sont accordées au cas par cas, après évaluation des risques par la DDPP. La gestion de l’épizootie nous oblige à être très réactifs.

Au printemps, en l’état des connaissances qui étaient alors les nôtres, nous avons fait le choix de mettre en place un corridor de dépeuplement des palmipèdes. L’épidémie s’est essoufflée rapidement certainement grâce à des conditions climatiques plus favorables.

Nous pensons toujours à nos collègues du canard qui se trouvent sans animaux et sans revenu. Ceux qui n’étaient pas dans les zones réglementées ont eux aussi contribué à ralentir la propagation du virus. Pour autant, ils ne sont pas éligibles aux indemnisations ! Qui accepterait de travailler sans rémunération à cause d’un virus qui se trouve dans l’air ? Nous bataillons sur le dossier avec nos collègues des Pays de Loire qui sont eux aussi concernés.

La situation actuelle est inédite pour tous. Cette continuité de l’épizootie pendant l’été inquiète d’autant plus que les mouvements migratoires saisonniers vont commencer.

Face à la mortalité de la faune sauvage que nous observons sur les littoraux bretons et du grand Ouest, nous avons renforcé la biosécurité sur nos élevages, nos techniciens ne viennent que sur demande de notre part.

Nous déplorons quelques élevages touchés mais nous regrettons que beaucoup d’entre eux ont été contaminés par des basses-cours. Les particuliers ne respectent pas les règles de claustration. Une aberration lorsque l’on sait qu’ils peuvent détenir jusqu’à 250 animaux !

Mardi 4 octobre, nous avons été informés d’un nouveau cas en élevage de dindes. Je me permets de vous redire, renforcer le lavage des roues des véhicules, ne laissez pas les gens circuler à proximité de vos bâtiments surtout si vous voyez des oiseaux sauvages dans vos parcelles et sur les plans d’eau proches des élevages. La contamination par le transport de fientes sur les chaussures est la principale voie d’introduction de l’IAHP sur les élevages.

La semaine prochaine, la Confédération Nationale de l’Aviculture se réunit en congrès. Nous porterons nos positions auprès de nos représentants nationaux. Notre département est un rouage essentiel de la souveraineté alimentaire. Nos œufs et nos viandes de volailles doivent continuer à approvisionner nos garde-mangers. C’est à chacun de prendre sa part de responsabilité dans les semaines qui viennent afin que nous puissions traverser cette période d’incertitude le plus sereinement possible.