Parole de responsable : Sylvaine Dano, section avicole

Expression de Sylvaine DANO, Présidente de la section avicole et Trésorière de la FDSEA du Morbihan

Une succession d’événements inédits secoue les éleveurs de volailles depuis 2 ans. Après l’année 2020 et la crise du covid, nos filières avicoles bretonnes ont su se réorganiser très rapidement. La chaîne d’approvisionnement a tenu bon, en tant que premier maillon de celle-ci, nous espérions un rebond économique en récompense de nos efforts.

Malheureusement la guerre en Ukraine vient perturber la paix et les marchés européens ; et une fois encore, les éleveurs répondent présents. Nous subissons de plein fouet la hausse historique des coûts des matières premières. Les éleveurs en intégration sont en partie épargnés par la hausse des coûts alimentaires car les intégrateurs font tampon. Néanmoins, le manque de revalorisation se ressent de plus en plus fortement et de nombreuses difficultés remontent :
• Le recrutement, que ce soit sur nos fermes ou pour les entreprises avec lesquelles nous travaillons. Régulièrement, les équipes de ramassage font défaut et la dérogation systématique pour déplacer les camions transportant les machines pour charger les poulets ne peut plus être demandée auprès des préfectures ; nous sommes pleinement mobilisés sur le sujet ;
• La non valorisation de la hausse des coûts de production liée aux mesures de bien-être animal ;
• Le stress des éleveurs par manque de visibilité sur les projets et la pression systématique des anti-élevages, du voisinage et des « anti-tout ».

Récemment, un exemple a retenu mon attention. La commission européenne a validé la semaine dernière le lancement d’une initiative citoyenne européenne. Celle-ci demande l’arrêt des subventions de l’Union auprès des élevages et réclame une «incitation à la commercialisation des produits végétaux et issus de l’agriculture cellulaire». Si elle recueille un million de signatures sur au moins 7 pays sur 1 an, la commission devra prendre position en 3 mois. Elle pourrait alors déclencher une procédure législative. A nous de répondre présents, personnellement et au travers de la représentation syndicale.

Nous constatons néanmoins que nous sommes sur un marché porteur. Les œufs et la volaille française se vendent bien. La consommation de viande de volaille est une valeur refuge en cas de crise. Les tendances de consommation en témoignent. Pour autant, nous devons reconquérir nos marchés nationaux et particulièrement les RHD/RDF. Par notre travail, nous pouvons fournir à nos consommateurs des produits accessibles, de qualité et avec une traçabilité assurée. Une réalité dont nous pouvons être fiers.

Notre modèle breton est réactif. Il l’a démontré ces dernières semaines avec l’arrivée de la grippe aviaire dans notre région. Dès les premiers signes d’un risque de diffusion de l’épizootie à nos territoires, notre syndicat a demandé l’arrêt des mises en place en palmipèdes pour éviter de subir le virus comme nos collègues des Pays-de-Loire. Avec le CICAR et le CIFOG, nous avons pu organiser le dépeuplement des palmipèdes dans les zones à risque.

Tous les acteurs de nos filières avicoles n’ont pas des intérêts identiques. Sans le bon sens des éleveurs et notre fermeté sur certaines positions, la gestion de crise aurait pu être toute autre.

Nous devons dès à présent travailler avec l’aval pour anticiper les prochaines poussées épidémiques.

Nous devons également préserver la diversité de nos élevages. Pintades, chapons, poulets, canard, dindes… nous avons la chance de produire une variété d’espèces importante. Cela nous permet plus de souplesse et de résilience. Nous sommes capables de répondre à tous les marchés !

Alors que la crise de l’IAHP semble s’éloigner, j’ai une pensée particulière pour nos collègues directement frappés par le virus.

Je n’oublie pas non plus tous ceux d’entre nous qui subissent les conséquences de la crise, notamment l’étalement des mises en place. Nous travaillons auprès du ministère sur un accompagnement des producteurs dans ET hors des zones réglementées. Nous poursuivons également notre travail pour améliorer la communication auprès du grand-public, mieux encadrer les basses-cours, notamment les élevages semi-professionnels et multi-espèces.

Dans ces temps troublés, nous, aviculteurs démontrons chaque jour notre savoir-faire et notre capacité à faire face. Alors que les crises s’enchainent, nous réussissons l’exploit de nourrir notre population. Il est grand temps que notre travail soit reconnu à sa juste valeur et par tous.